J'ai annoncé la semaine dernière que je parlerais des dessous du commerce d'animaux vivants dans une réunion en France. Aujourd’hui je voudrais parler de cette réunion.
L'invitation à Clermont-Ferrand était intéressante. La Foire Internationale de l'Elevage se tenait là-bas et on m’a indiqué que la Turquie serait l'invité d'honneur pour cette année.
Ceux qui m'ont invité n'étaient évidemment pas des éleveurs de bétail. C’est le groupe de militants anti-spécistes Earth Resistance (https://www.earthresistance.org) qui organisait un camp anti-foire qui m'avait invité. On m'a demandé de parler du commerce du bétail de la Turquie est l'un des principaux protagonistes à l’échelle mondiale de ce genre de commerce.
Parce qu'en France, les gens ont commencé à consommer moins de ces produits animaliers à mesure qu'ils prenaient conscience des dommages causés à la santé humaine et à l'environnement par les produits d'origine animale. En conséquence l’industrie de l'élevage s'est davantage tournée vers les marchés étrangers.
Nous sommes arrivés au camp la nuit. Ils nous ont offert de la nourriture à partir des pertes qu'ils avaient ramassées sur les marchés. Nous nous sommes vus pour la première fois, mais nous avions un objectif commun: la liberté des animaux.
Avez-vous dit la démocratie?
Le jour de mon arrivée au camp, les forces de sécurité se sont vigoureusement intervenues contre les militants anti-spécistes lors d’une manifestation à l’occasion d'une rencontre entre la France et la Turquie au Centre des Congrès gigantesque. Bien que les militants aient voulu protester contre le commerce des animaux sans recourir à la violence, ils ont tous été identifiés, sortis manu militari de la salle et référés devant la justice.
D’après la presse locale le vice-ministre turc de l’Agriculture et Forêts Mustafa Aksu aurait dit : « la protestation des militants des droits des animaux n’est pas dirigée contre la Turquie mais contre la maltraitance à l’envers des animaux et que son pays reste très sensible à la question ». N’empêche la Turquie est en matière des droits des animaux est depuis longtemps dans une attitude honteuse. Et la cruauté dans le commerce des animaux vivants est connue par tout le monde sauf le pouvoir.
Lorsqu’un responsable turc lors de la manifestation à Clermont-Ferrand a crié : « Que-ce que les droits des animaux ont à voir avec la démocratie? » nous nous sommes persuadés que les militants et les participants à la Foire représentaient deux mondes totalement opposés. Bien que nous ressemblions aux humains qui ne veulent pas accepter que les animaux sont des créatures sensibles et conscientes, nos pensées et nos âmes restent très différentes.
Paysage effrayant
Le fait que ma visite à la Foire tombait le jour de la Journée Mondiale de la Protection des Animaux a été une autre tragédie. Lorsque vous faites physiquement face à une réalité que vous connaissez déjà, cela frappe plus fort. C’est ce que j’ai senti lorsque j’ai vu les animaux enchaînés.
Ils indiquent le poids, la race et le nom de chaque animal exposé. Les vendeurs offrent des produits fabriqués avec la viande des animaux qui sont à la vente. Une vache nommée Lucy avait au pied son veau. Un peu plus loin la carcasse d’un animal était exposée comme dans boucherie était exposé à l'avenir et les gens visionnaient la vidéo de l'abattoir au même moment.
L'observation la plus frappante pour moi a été que des milliers de personnes étaient venus visiter la foire avec leurs enfants. Il était effrayant et absurde à la fois de voir ces visiteurs s’empresser pour se rendre au marché aux esclaves comme s'il y avait une nouvelle attraction en ville. Quand j'ai vu cette scène, je me suis sentie impuissante, mais comme tout militant, j’en suis sortie renforcée dans mes convictions.
Où sont la liberté, l’égalité et la fraternité?
Les forces de sécurité qui apparemment trouvaient les quelques 75 militants pacifiques dans le camp tentaient de les intimider par leur présence et les hélicoptères qui faisaient des rondes dans le ciel.
Le plus bizarre était l’imposition par la justice d’une amende de 10.000 euros par militant pour une manifestation non violente à la Foire…dans un pays dont la devise est « Liberté, Egalité, Fraternité ». Cela montre que le mouvement antispéciste se renforce contre et malgré toutes sortes de pressions!